dimanche 19 mars 2017

1837: Meurtre dans le pays d'Auge, à Saint Gatien des Bois

Ce crime est resté longtemps dans les mémoires des habitants du canton dont voici le déroulement décrit dans un journal de l'époque.

Journal Le Normand du 14 avril 1837

On nous écrit de Saint Gatien des Bois, près de Pont l'Evêque:
Samedi 8 avril, des malfaiteurs, qui étaient, dit-on, au nombre de trois, sont entrés vers les sept heures et demie du soir dans la maison de Mme GUILLOU, veuve octogénaire, habitant Saint Gatien des Bois, au haut de la côte de la Griserie, dans la forêt de Touques, à peu de distance de la route d'Honfleur. Lorsqu'ils ont ouvert la porte de la cuisine trois personnes attablées y soupaient gaiment. C'étaient le nommé GUERRY, maçon, le domestique Joseph CHERRON, et la servante. La maîtresse du logis était assise au coin du feu. A peine les brigands eurent-ils franchi le seuil qu'ils demandèrent à prendre la goutte. Le domestique CHERRON répond que la maison n'est point un cabaret, et que s'ils veulent boire ils trouveront une auberge à quelques pas de la. Un des bandits, changeant brusquement de ton, appuya le canon de son pistolet sur la tête de l'ouvrier maçon, et déclara que ses  compagnons et lui se présentaient, au nom du Procureur du Roi, pour s'assurer si la maison de Mme GUILLOU ne récélait point de fausse monnaie. Aussitôt CHERRON s'elance sur le brigand, en s'écriant   vaincre ou mourir! Il veut s'emparer des armes des malfaiteurs, mais malheureusement il a bientôt le dessous. Dans la lutte violente et inégale qui s'est engagée entre CHERRON et les voleurs, ce malheureux, mais courageux serviteur, est tombé mort à leurs pieds, le ventre et la poitrine hachés à coup de sabre.
GUERRY profita du désordre qu'amena ce drame sanglant pour s'echapper par une porte qui donne sur le jardin de l'habitation. Il appela du secours, mais les secours vint trop tard. Les assassins avaient pris la fuite, en abandonnant deux pistolets et une casquette bleue.
La servante a fait également résistance, et a été blessée à la figure d'un coup de sabre.
La justice, informée de cet attentat, s'est rendue sans retard sur les lieux. La casquette qu'elle a trouvée renferme, dit-on, un voile, sur lequel on remarque des tâches de sang: elles paraissaient y exister depuis peu de temps; ce qui ferait supposer que les trois bandits se seraient déjà rendus coupables de quelque meurtre. Les pistolets qu'ils ont laissés étaient chargés à balle.
S'il faut en croire certains bruits, ces brigands se sont évadés montés dans un cabriolet attelé d'un cheval. On croit généralement qu'ils se sont dirigés vers Caen; plusieurs personnes assurent qu'ils ont pris la route de Lisieux en sortant de Saint Gatien.
Ce crime, qui annonce une grande audace, a été commis au défaut du jour, la veille de la foire de Caen, à l'issue des marchés de Lisieux et d'Honfleur; circonstances qui faisaient que sur la route royale dans le voisinage de laquelle il a eu lieu les voyageurs se succédaient presque sans interruption.

Informations complémentaires sur les victimes:


- Mme veuve GUILLOU, chef de famille.
BOUDARD Marie Anne Françoise fille de BOUDARD François et de ADAM Marguerite Françoise, née vers 1750 à Saint Philbert des Champs, décédée chez elle, quartier de la Griserie à Saint Gatien des Bois le 16 avril 1837 soit 1 semaine après l'événement, ce qui montre bien le traumatisme subit.
Elle a épousé le 26/11/1771 à Saint Gatien des Bois un homme de plus de 30 ans son ainé GUILLOU Pierre fils de GUILLOU Jean et de BOUFFARD Suzanne (°31/07/1717 Englesqueville en Auge- + 23/02/1780 Englesqueville en Auge).
Entourage: son fils GUILLOU Paul César, Maire de Saint Gatien des Bois de 1807 à 1812 puis de 1816 à 1821, son gendre GUILLOU Jean Pierre Guillaume, Maire de Saint Gatien des Bois de 1821 à 1832.

-GUERRY Jean François, Maçon, fils de GUERRY Jean et de LEBAILLY Jeanne Renée. Il épouse le 15 octobre 1832 à Saint Gatien des Bois Julie Félicité ROUVAL fille naturelle de Julie Félicité ROUVAL( °03/10/1809 Saint Gatien des Bois - 16/05/1878 Saint Gatien des Bois).

-Joseph CHERRON, domestique, né vers 1809, enfant naturel, est assassiné à Saint Gatien des Bois le 8 avril 1837 à l'âge de 28 ans.

-La servante LE GRIP

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