mardi 27 mai 2014

Patrimoine de Saint Gatien des Bois au XIXe siècle

Voici une description de Saint Gatien des Bois par M. Arcisse de Caumont dans sa Statistique Monumentale du Calvados, Tome 4 (1862):

SAINT-GATIEN-DES-BOIS.
St-Gatien-des-Bois, Sanctus Gatianus.

Cette commune est sur la lisière orientale de la forêt.

L'église de St-Gatien offre deux époques. Le chœur à pans et la longue sacristie accolée au sanctuaire, du côté de l’évangile, appartiennent à l'époque moderne. La brique y a été employée. Trois fenêtres cintrées assez grandes éclairent, au nord et au sud, cette partie de l'église.

Les transepts, la nef et le portail occidental sont du XVIe. siècle. Les murs ont été revêtus, dans quelques parties, d'un petit appareil en silex taillé régulièrement en cubes et que l'on trouve presque toujours à cette époque dans le pays. Cet appareil alterne, ici comme ailleurs, avec des pierres calcaires d'un plus grand volume qui ont été employées pour les angles, les contreforts, etc., etc. Presque toutes les fenêtres ont été refaites et sont modernes, à plein-cintre, avec montants en briques comme celles du chœur. On voit pourtant dans le transept une fenêtre cintrée, subtrilobée, en pierre de taille.

Le portail occidental, cintré, avec quelques moulures très simples , paraît aussi du XVIe. siècle. De ce côté, des contreforts placés obliquement dans la maçonnerie annoncent qu'on avait le projet de construire une tour et un portail plus considérables.

Cette église cruciforme , très-large à l'intérieur, offre une voûte revêtue de plâtre, légèrement courbée et maintenue par une armature en bois avec pendentifs peu intéressants, mais qui peuvent dater du XVIe. siècle.

L'autel du chœur, porté sur quatre colonnes corinthiennes avec entablement cintré comme celui de la Gloriette à Caen, est peu ancien, maigre et d'une exécution très-médiocre.

L'église est sous l'invocation du saint dont elle porte le nom.

HERBIGNY OU MONT-SAINT-JEAN.

Je dois à M. Pannier tout ce qui va suivre sur le Mont St-Jean, qui dépend de St-Gatien et qu'on voit à gauche de la route en allant de Pont-l'Évêque à Honfleur.

« Le Mont-St-Jean (Mons Sancti Johannis), dit M. Pannier , ne figure comme paroisse , sur les états, qu'à partir de la seconde moitié du XVIIe. siècle.

« L'église, qui couronne le mont, porte tous les caractères architectoniques des constructions de cette époque. Elle était éclairée par six grandes fenêtres, aujourd'hui bouchées, dont quatre à plein-cintre et deux à arc surbaissé.

« Cette église, entièrement construite en brique, offre les dimensions d'une chapelle. Le portail, tourné au midi, est orné de deux pilastres garnis de bossages qui supportent un fronton triangulaire. Le chevet est à pans coupés. A l'extrémité septentrionale de l'église s'élève un dôme surmonté d'un campanille.

« Il existait une chapelle plus ancienne, dédiée à saint François, dont on a retrouvé, dit-on, les fondations dans le bois qui dépend de la ferme.

« La terre du Mont-St-Jean appartenait, au XVIe. siècle, à François Lambert, sieur d'Herbigny, lieutenant du bailli de Rouen au siége de Pont-l'Évêque. Son fils, François Lambert, maître des requêtes, fut nommé secrétaire du roi le 19 mars 1581. Cette famille Lambert, dont quelques uns des membres portaient le titre de seigneurs de St.-Mards et d'Herbigny, marquis de Thibouville, a donné deux intendants de province, plusieurs conseillers d'État, des officiers supérieurs et des gentilshommes de la Chambre. Leur écusson, au chef d'argent chargé de trois étoiles de gueules, était d'azur au lion d'or (de Courcelles, t. Ier. ). Ce fut un des membres de cette famille qui fit ériger la terre du Mont-St-Jean en paroisse et élever l'église.

« A la date du 9 octobre 1739, la terre du Mont-St-Jean était dans les mains de messire Jean-Baptiste ....., marquis de Colleville, époux de noble dame Marie-Armande Lambert d'Herbigny, « demeurant en la terre et paroisse d'Herbigny. »

« Les derniers possesseurs du Mont-St-Jean furent M. le comte d'Aubigny, Mme de Brissonnet et M. le comte de Lion, ancien propriétaire du château de Lion-sur-Mer.

« Cette belle ferme appartient aujourd'hui à M. Haussoulier, beau-père de feu M. Amédée Renée, ancien directeur du Constitutionnel et du Pays, ancien député du département du Calvados à l'Assemblée législative.

« Le nom de Mont-St-Jean venait, dit-on, de la donation qui en fut faite, au XIIe. siècle, aux Templiers, qui avaient élevé une église à Barneville, sous le vocable de saint Jean-Baptiste , patron de leur ordre, ainsi que l'atteste l'aveu rendu au roi, en 1522, par Louis d'Estouteville, évêque de Coutances, où il dit que « le nom du Mont-St-Jean « a été imposé à cette terre en commémoration de Mr. S. « Jean-Baptiste , patron de l'église de Barneville. »

« D'après un ancien mémoire, qui porte la date du 2 avril 1699, continue M. Pannier, et dont une copie se trouve entre les mains de M. Haussoulier, qui a bien voulu nous permettre d'en prendre communication, le Mont-St-Jean aurait été donné aux Templiers par Bertran de Barneville, seigneur de Roncheville, qui a laissé son nom à la paroisse de Barneville, qui s'appelle encore aujourd'hui Barnevillela-Bertran. Après l'abolition de cet ordre célèbre par Philippe-le-Bel, en 1314, le seigneur de Roncheville rentra en possession de cette terre.

« Le Mont-St-Jean tomba, après plusieurs mutations, dans la famille d'Estouteville. Par lettres-patentes, en forme de charte, données, en 1462, à Chisay, François Ier cède au duc d'Estouteville les droits de passage, d'amendes et de forfaitures, moyennant 70 livres de rente tous les ans.

« Des mains de la famille d'Estouteville, la terre du Mont-St-Jean passa dans celles de Longueville et de Montpensier, qui en partagèrent les revenus.

« A la fin du XVIe. siècle, elle entra dans la famille d'Herbigny, en vertu d'un acte du 12 mars 1599, passé entre M. le duc de Montpensier et Mme de Longueville, d'une part, et le sieur d'Herbigny, de l'autre.

« Le Mont-St -Jean n'a jamais fait partie de la forêt de Touques, dans laquelle il était en partie enclavé. Dans la donation que les seigneurs de Roncheville firent aux Templiers, ils réservèrent les usages que les bordiers avaient dans ladite forêt et dans le bois du Mont-St-Jean. Une permission, eu date du 27 octobre 1547, est donnée, par les officiers des eaux-et-forêts, à Pierre Leclerc, verdier, de se servir du marteau de la forêt de Touques pour marquer les bois qu'il faisait couper sur le Mont-St-Jean, par l'ordre de Mme. d'Estouteville.

« Le principal corps de logis de la ferme du Mont-St. -Jean, avec son toit très-incliné et ses hautes cheminées en brique, paraît remonter au XVIIe. siècle. Il existe dans la cour un magnifique colombier.

« Le Mont-St-Jean est réuni aujourd'hui, pour le civil et pour le spirituel, à la commune de St-Gatien-des-Bois. »

Plein-Chêne.— La ferme de Plein-Chêne appartient aujourd'hui à M. Vannier, conseiller à la Cour impériale de Rouen. En 1741, messire Jean-Antoine de Costar était seigneur de Plein-Chesne ; il demeurait au manoir dudit lieu, paroisse de St-Gatien. La maison de maître que l'on aperçoit, de la route, est précédée d'une belle avenue de pommiers.

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